• LES JUIFS MESSIANIQUES

     
     
    Les Juifs messianiques
     
     

    LES JUIFS MESSIANIQUES

    Un sujet brûlant pour tous. Et pourtant, puisqu’ils existent, il faut en parler. Des Juifs qui croient que Jésus est le Messie d’Israël, et qui, tout en continuant à se dire juifs et tout en partageant la foi chrétienne, ne veulent pas « changer de religion ». Situation difficile car, pour les autorités rabbiniques, ils ne sont plus juifs, et pour les chrétiens des Églises traditionnelles... sont-ils vraiment chrétiens ? Et pourquoi ne sont-ils pas tout simplement catholiques, protestants ou orthodoxes ? Parfois ce qui semble « tout simple » devient problématique ! S’il n’y avait pas eu des Juifs pour reconnaître, dans le Juif Jésus, le Messie d’Israël, il n’y aurait jamais eu de chrétiens, de pagano-chrétiens. Il a fallu ces Juifs vivant il y a 2000 ans en Galilée pour dire : ' Celui de qui il est écrit dans la loi de Moïse et dans les Prophètes, nous l’avons trouvé. C’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth '. (Jean 1.45). Quoi d’étonnant à ce que quelques Juifs d’aujourd’hui, et qui plus est en Israël, le découvrent, le reconnaissent comme Messie d’Israël et désirent en parler autour d’eux ? Avant, on parlait de judéo-chrétiens, maintenant ils s’appellent Juifs messianiques.

    Histoire

    Si, durant le premier siècle de notre ère, les judéo-chrétiens, appelés nazaréens puis chrétiens, faisaient partie de cette multiplicité de facettes du judaïsme de l’époque, très vite, ils furent exclus des synagogues. En effet après la destruction du Temple, en 70, les pharisiens éliminèrent toutes les « sectes » juives.Pendant les siècles qui suivirent, les Juifs qui embrassent la foi chrétienne s’intègrent à l’Église des nations, perdant ainsi leur identité juive, aussi bien pour la synagogue que pour l’Église. « Tu n’es plus juif, tu es chrétien, tu as changé de religion ». Cette réalité est toujours actuelle dans le peuple juif : « Un Juif qui se convertit à une autre religion rompt, ipso facto, son appartenance à notre peuple », disait, le 20 octobre 1998, le Grand Rabbin Samuel Sirat.Pour l’Église il en était de même. Elle désirait établir une distinction nette entre Israël et l’Église. Par exemple, au Synode de Nicée II (730), il fut décidé que toute expression de la foi juive serait bannie de l’Église : la circoncision, le shabbat, les fêtes juives. Il y a encore une cinquantaine d’années, un Juif, pour être baptisé, devait abjurer son judaïsme. Christ Church - JérusalemC’est alors qu’en Angleterre, des chrétiens d’origine juive, pour se différencier des chrétiens des nations, fondent, en 1813, les Benei Abraham, une association de Juifs chrétiens. Puis, en 1865, l’Union chrétienne hébraïque voit le jour, formée de Juifs qui, de par leur origine et leur foi en Jésus, Messie d’Israël, se considèrent comme les successeurs des premiers disciples. En 1866, ces deux associations se groupent et forment l’Alliance chrétienne hébraïque. Après la Grande-Bretagne, c’est aux États-unis que se crée, en 1915, l’Alliance chrétienne hébraïque américaine, avec cette même visée de grouper les chrétiens d’origine juive et d’annoncer le Messie aux Juifs. En 1930, ces deux alliances se fédèrent en une Alliance chrétienne hébraïque internationale. Ses membres se distinguent des chrétiens par leur pratique proche du judaïsme. En 1939, ils sont environ 100 000, groupés dans des assemblées autonomes nombreuses, surtout aux États-unis. Ces Juifs hébraïques vont peu à peu se faire appeler Juifs messianiques. Ce terme marque à la fois la spécificité des croyants issus du judaïsme et leur désir de souligner la continuité sans rupture avec leur origine. Ils ne se considèrent pas comme des Juifs convertis, mais comme des Juifs accomplis ou des Juifs croyants. En 1965, cette alliance deviendra l’Alliance Internationale des Juifs Messianiques (IJMA). Très attentifs aux prophéties et à leur réalisation dans l’histoire contemporaine, ces Juifs messianiques voient, dans la création de l’État d’Israël en 1948, le retour des exilés, la victoire israélienne de 1967 et la réunification de Jérusalem comme un « signe des temps » (Lc 21,24) annonçant la seconde venue du Messie.Le groupe le plus connu, quoique minoritaire et très controversé, les « Juifs pour Jésus », agit dans deux directions : aider les chrétiens à retrouver l’origine de leur foi et annoncer aux Juifs le Messie.En France, l’Alliance messianique française compte quelques centaines de membres.

    En Israël

    En 1948, arrivait en Israël un ancien médecin colonial, juif de naissance, Zeev Koffsmann. Pendant son mandat en Côte d’Ivoire, au contact de l’église pentecôtiste, il avait, avec sa femme, reconnu Jésus comme le Messie d’Israël, tout en se considérant toujours comme Juif à part entière. Révoqué de son poste par les autorités de Vichy, pendant la Deuxième Guerre mondiale, il se sent poussé à venir en Israël et à y fonder une assemblée messianique : « L’assemblée messianique a quitté Jérusalem en 70 avec le peuple juif au moment de l’exil et y est revenue avec le peuple en 1948 », disait-il. C’est à lui qu’on doit le mot messianique pour caractériser les Juifs croyant en Jésus.En 1950 il fonde l’Assemblée messianique d’Israël, qui deviendra l’Assemblée messianique de Jérusalem, désirant ainsi faire revivre l’Église primitive en rendant à la foi chrétienne sa véritable origine et son style de vie juif. Zeev pensait que les Juifs messianiques seraient, dans l’avenir, un pont entre le judaïsme et le christianisme. Jésus-Christ y est nommé selon son nom hébreu : Yeshoua‘ Hamashiah.D’autres assemblées naissent dans le pays, formées au départ par des immigrants d’Europe, en particulier. En 1973, on compte sept assemblées en Israël, avec environ 0 membres, Juifs et non-Juifs. En 1986, ils sont 3000 ; mais c’est surtout dans les années 1990 que ce mouvement grandit, grâce à l’arrivée des immigrants de l’ancienne URSS. En 1999, environ 5 000 messianiques se regroupent dans 69 assemblées et 12 groupes de maison. A Jérusalem, en 1986, il n’y avait que l’assemblée messianique fondée par Koffsmann, rue des Prophètes. En 2008, il y en a une vingtaine, sans compter les groupes de maison. Combien en Israël ? C’est difficile à dire, tant ces assemblées sont fluctuantes, se divisant ou se joignant entre elles. On parle actuellement de 6 000 à 10 000 messianiques dans le pays.

    Profil des assemblées

    Les assemblées comptent entre 20 et 250 membres. Chacune est indépendante, a son propre profil, son histoire, sa vision, ses pasteurs et sa théologie. Pourtant, tout en étant très variées, elles ont des traits communs aussi bien dans leurs théologies, leur prière, que dans leurs pratiques. Toutes mettent l’accent sur la seconde venue du Messie. Et, en cela, dans cette attente fervente de la rédemption, elles sont proches de certains courants du judaïsme. Toutes (ou presque) ont adopté le calendrier juif, se réunissant le shabbat, parfois le vendredi soir à l’entrée du shabbat. Toutes célèbrent les fêtes de pèlerinage, Pessah, Shavouot et Souccot, fêtes où le Dieu d’Israël intervient dans l’histoire de son peuple. Pour eux, Jésus est venu accomplir ces fêtes : c’est à Pessah, fête de la sortie d’Égypte, que Jésus est mort et ressuscité ; c’est à Shavouot, fête du don de la Tora, que le Saint Esprit est descendu sur les apôtres ; et, pour certains, Souccot est l’époque de la naissance de Jésus. Certaines fêtes chrétiennes ont donc changé de date et d’autres ne sont pas célébrées. Ont également leur place les autres fêtes du calendrier : Pourim, Hanouca, la fête de l’Indépendance, etc.Toutes ces assemblées se sentent très concernées par la situation politique du pays, suppliant Dieu pour que sa volonté soit faite. Les prophéties, interprétées de façon littérale, donnent le ton à leur intercession pour le pays. Les garçons sont circoncis et une cérémonie particulière est organisée lors de leur Bar Mitzva, soit au Mur, soit dans le lieu de culte. [On veut] que chaque enfant se sente Juif et Israélien à part entière. La plupart des assemblées se déroulent en hébreu, avec, très souvent, des traductions simultanées en russe, anglais, parfois allemand et français. Il faut dire que, dans la majorité de ces assemblées, les nouveaux immigrants ne possèdent pas suffisamment l’hébreu et qu’il y a souvent des visiteurs étrangers.Pour tous, l’Écriture Sainte comprend le Tanakh (Ancien Testament) et le Nouveau Testament, la Bible étant pour eux tout entière juive et Parole de Dieu. Ils célèbrent la Sainte Cène en général une fois par mois. Le baptême est proposé aux adultes ayant adhéré au Messie. Il se pratique par immersion, comme dans l’Église primitive. On ne trouve jamais de croix dans leurs lieux de culte, par contre une ménora, l’étoile de David, parfois un schofar, des bannières avec des versets bibliques en hébreu... ou même le drapeau d’Israël. Le déroulement du culte est sensiblement le même : une heure de louange, souvent la lecture d’une partie du texte de la synagogue, le sermon d’une heure, prière et témoignages. Le Shema, la bénédiction des Cohanim, mais aussi le Notre Père, y ont leur place. Les femmes ne prêchent pas. Il y a également un service pour les enfants. Tous les messianiques mettent l’accent sur l’importance du témoignage : « Nous l’avons trouvé ».

    Des différences

    Certaines assemblées voulant s’identifier davantage au judaïsme ont, dans leur lieu de culte, le rouleau de la Tora et suivent partiellement la liturgie de la synagogue. Certains fidèles portent la kippa et le châle de prière. Mais leur lieu de culte ne s’appelle pas « synagogue » ni leurs pasteurs « rabbins » comme aux États-unis. Les membres de ces assemblées pratiquent certaines lois juives : la kashrout, le respect du shabbat, etc.
    Les assemblées charismatiques donnant beaucoup d’importance aux dons de l’Esprit selon les Actes des Apôtres se regroupent parfois pour des temps de louange ou d’intercession. D’autres sont opposées à ce mouvement. Cette friction entre les charismatiques et les non-charismatiques fait penser au différend entre les Hassidiques et les « Mitnagdim » (opposants), [dans le judaïsme].
    Des assemblées messianiques russes ont été créées dans les années 90 par des Juifs de Russie, déjà évangéliques ou pentecôtistes dans leur pays d’origine. Ces assemblées conservent souvent leur style évangélique. La moitié de leurs membres actuels étaient déjà chrétiens avant de venir en Israël. Mais on trouve également beaucoup de Juifs de Russie dans les assemblées hébraïques.
    Les assemblées éthiopiennes. De même, parmi les nouveaux immigrants d’Éthiopie, plusieurs étaient attachés à des églises évangéliques en Éthiopie. Ils créent donc des congrégations leur permettant de continuer à prier en amharique. Les jeunes préfèrent se joindre à des assemblées hébraïques.
    Quelques assemblées prient en anglais.

    Les lieux de culte

    Les cultes ont lieu dans des appartements ou des salles privées, généralement en location, rarement dans une église. Citons, par exemple, l’assemblée de « l’Agneau sur le mont Sion », qui tient ses réunions dans l’Église anglicane Christ Church à Jérusalem. Certaines assemblées ont acheté ou construit. Signalons « le Pavillon », grande salle de 700 places, achetée par l’assemblée King of king au centre ville de Jérusalem, au rez-de-chaussée d’un bâtiment de 14 étages. La même communauté possède également le quatorzième étage, lieu de prière où se succèdent les intercesseurs d’Israël et de toutes les nations.
    La relève Avec la deuxième et la troisième génération de messianiques, ce mouvement devient de plus en plus israélien. On parle hébreu sans accent étranger, et ces jeunes adultes s’impliquent dans la société. On les retrouve à l’armée, à l’université, et dans tous les secteurs professionnels, même s’ils restent une infime minorité. Certains participent à des associations israéliennes d’aide humanitaire. Pour lutter contre l’avortement, ils ont lancé l’association « Pro Life » et se mobilisent pour aider les femmes en difficulté. Ces jeunes parlent très simplement et librement de leur foi.

    Les pasteurs

    Les premiers pasteurs de ces assemblées étaient, pour la plupart, des nouveaux immigrants d’Amérique, de Russie, de France, ou d’Éthiopie. Beaucoup avaient reçu une formation biblique dans l’une ou l’autre écoles évangéliques de leur pays. Dans les années 80, quelques écoles bibliques sont créées en Israël. Citons :
    Beit Emmanuel Study, à Jaffa jusqu’en 1989.
    Le centre Caspari de Jérusalem, avec son programme Telem qui donne un cours mensuel sur un an en hébreu pour préparer au ministère pastoral. Les élèves arabes chrétiens sont les bienvenus.
    La « Messianic Midrashah », créée en 1993 par un pasteur israélien, qui dispense un enseignement biblique, archéologique, de littérature rabbinique et de théologie pratique.
    I.C.B, (Israel College of the Bible), la seule institution académique messianique, avec ses trois implantations : Jérusalem, Tel-Aviv et Haïfa. Elle donne ses cours en hébreu, anglais et amharique.
    Plusieurs assemblées organisent régulièrement des cours de formation pour leurs membres. Il est certain que la formation théologique et pratique des cadres messianiques israéliens n’en est qu’à ses débuts.
    Quelques nouveaux pasteurs, ayant étudié la pensée rabbinique et la lecture juive des Écritures désirent ouvrir leur assemblée à cette approche juive de la Parole. Tout bouge dans ce mouvement.

    Diversité, unité

    Chaque assemblée messianique est autonome et a son caractère propre. Pourtant, malgré cette diversité, on peut tout de même parler du « mouvement messianique d’Israël ». Dans certaines villes, Jérusalem, Haïfa, Tel Aviv en particulier, des assemblées se retrouvent régulièrement plusieurs fois par an, à l’occasion d’une fête, pour louer ensemble, ou lors d’une crise politique, pour intercéder. D’autre part, des messianiques de diverses congrégations s’engagent ensemble dans les actions sociales, pour la musique, ou pour le témoignage.Depuis 1981, les pasteurs messianiques ont senti le besoin de se rencontrer. Une Conférence Nationale des pasteurs et anciens a lieu trois fois par an. Malgré quelques essais, aucune déclaration commune n’a pu être élaborée et aucune autorité centrale ne représente ce mouvement à l’échelon national. Des retraites spirituelles régionales et nationales, organisées régulièrement, semblent le mieux répondre aux besoins des leaders. Dès 2003, que cela soit en Galilée, ou à Jérusalem, les pasteurs arabes évangéliques y sont également conviés. De même, les cadres des assemblées russes et amhariques, restés pendant quelques années à l’écart à cause de la langue, se joignent actuellement aux retraites des pasteurs de langue hébraïque. Depuis 2001, une retraite bisannuelle de 3 à 4 jours, dans le Néguev, organisée au niveau national, rassemble 50 à 70 participants. Ils sont là pour écouter ensemble le Seigneur.En 1997, les dirigeants messianiques israéliens créent leur propre réseau informatique permettant des relations et informations intercommunautaires rapides.

    La musique

    La louange ayant une place primordiale dans les assemblées, il a fallu composer, ou traduire des cantiques. En 1957, fut publié un livre de chants - « Chir hadash » (un chant nouveau) - comprenant 200 chants et hymnes, dont la majorité comprenait des cantiques évangéliques, souvent très beaux, traduits en hébreu. En 1976 est publié un autre livre contenant 400 chants dont des Negro spirituals, des chants du renouveau charismatique et des assemblées messianiques d’Amérique. Tous traduits, bien sûr, en hébreu. Mais, très vite, sont apparus des chants composés en hébreu, plus populaires et simples : quelques versets bibliques répétés. C’était plus facile à chanter pour les nouveaux immigrants. La guitare fit son entrée.Dès 1979, les compositeurs messianiques israéliens organisent un congrès de musiciens messianiques, leur permettant de se faire entendre. Les meilleurs chants sont retenus et édités en livrets. En 1997, est publié un livre de chants messianiques, dont la plupart des paroles sont tirées de la Bible. Certains chants reprennent des prières juives du Siddour (livre de prières).Actuellement des jeunes compositeurs préfèrent souvent écrire des paroles de leur cru, exprimant leur foi, leur joie, leur amour pour Yeshoua [Jésus]. La musique, très rythmée, reste cependant souvent pauvre. « Allons-nous un jour, nous les Israéliens, écrire des hymnes, des symphonies, des oratorios, des œuvres qui tiennent la rampe ? », se demande David Loden, un des premiers musiciens messianiques d’Israël.Depuis trois ans, accompagnée de batteries, de guitares électriques, et d’un piano, une chorale messianique composée de jeunes et de quelques anciens, tous Israéliens, se produit à Jérusalem. La salle est comble, et l’enthousiasme très israélien encourage ces jeunes artistes.

    L’opposition

    Du point de vue juridique, les assemblées messianiques sont des associations déclarées (amoutot). En général, leur présence est acceptée. Pourtant, l’opposition existe.Les messianiques sont accusés par certaines autorités juives d’être missionnaires. Dans un document ratifié par les leaders des quatre dénominations juives (conservateurs, orthodoxes, libéraux et réformés), il leur est reproché d’être « en conflit radical avec les intérêts communautaires et la destinée du peuple juif », et d’afficher un « judaïsme qui n’en n’est pas un », ce qui leur permet « d’essayer de convertir leurs anciens coreligionnaires ».En 1977, une loi a été votée pour freiner ce mouvement. Interdiction d’évangéliser des mineurs et de proposer une aide matérielle en vue d’inciter à la conversion. Le reste est légal. En 1997 et 1998, deux nouvelles lois anti-missionnaires plus incisives sont présentées à la Knesset. Elles n’ont pas de suite. Il faut dire que beaucoup de ce que l’on raconte et répète sur ces 'missionnaires', et qui relève souvent plus du mythe et du préjugé, s’avère aujourd’hui sans fondement, sauf pour quelques rares exceptions.L’organisation Yad Leahim (la main tendue aux frères) qui reçoit des subsides gouvernementaux pour son activé caritative, a un département anti-missionnaire très organisé et efficace. Découvrir les messianiques, les menacer et attirer parfois contre eux la haine des voisins, des patrons, des propriétaires et même des directeurs d’école. Dans certains cas extrêmes, les enfants « dépistés » doivent quitter l’établissement scolaire où les parents les avaient inscrits, et des adultes perdent leur travail, simplement à cause de leur foi. Depuis la naissance du mouvement messianique, des pasteurs, en particulier, ont été menacés et du matériel a été abîmé. Des graffitis ou posters, avec la photo du « messianique » du quartier, sont affichés : « Danger ». Certaines salles de culte ont été incendiées. Mais cela reste exceptionnel. Citons, en particulier, la communauté d’Arad, harcelée par le groupe orthodoxe des Hassidim de Gour, ces dernières années, et ses membres insultés publiquement.Cette « haine profonde » qui apparaît dans certaines couches de la population, n’a, en fait, rien d’étonnant, tant la peur de se voir « ravir » des frères est latente. Peut-on penser que cette peur s’enracine dans une longue histoire de persécution et de conversions forcées ?Un messianique, très discret, ayant été obligé de déménager avec sa famille, me disait :« Pourtant, je n’ai rien fait de mal. Je n’ai rien à cacher. J’ai simplement rencontré le Messie d’Israël ». On pense à ce que Jésus disait à ses disciples : 'Vous serez haïs de tous à cause de mon nom' (Lc 21, 17).Quelques exemples récents :· En avril, le tribunal local de Jérusalem avait accordé à une association messianique le droit de restaurer l’intérieur d’une maison qui lui appartenait depuis 20 ans et lui servait de lieu de réunion et d’activités caritatives, en collaboration avec certains habitants du quartier. Mais le Conseil du quartier Rehavia, de Jérusalem, mobilisé par une association anti-messianique et soutenu par le Parti national religieux, prit peur. Craignant l’influence que pourrait avoir ces messianiques sur le voisinage, sur les enfants en particulier, il a fait signer une pétition adressée à la Cour suprême pour arrêter les travaux en cours.· L’atmosphère anti-messianique a culminé dans un attentat terroriste à Ariel, le 20 mars, contre un pasteur et sa famille, lequel a failli coûter la vie au plus jeune fils de 16 ans, qui a été grièvement atteint. L’enquête n’avance pas, malgré la caméra installée devant la maison à cause des menaces. Etouffer cette affaire serait très grave, en ce que cela ouvrirait la voie à d’autres attentats.· Quelques rabbins ont essayé de boycotter le concours international de la Bible qui a lieu, comme chaque année, le jour de l’Indépendance. En effet, Yad Leahim avait découvert qu’une candidate, sur les quatre sélectionnés par un concours préliminaire, était une juive messianique de 17 ans. Pour ces rabbins, soutenus par les deux grands rabbins d’Israël, elle n’est donc plus juive et ne peut représenter Israël à ce concours. Mais du point de vue juridique, a déclaré le ministère de l’Education, elle est juive. Le concours a donc eu lieu avec tous les candidats sélectionnés. Une jeune Israélienne de 15 ans a gagné le concours.Pourtant, si, en 1986, ma maîtresse d’oulpan disait : « les Juifs messianiques, cela ne doit pas exister », le climat actuel est différent. La population laïque, en particulier, est plus ouverte à la diversité de croyances. Dans la presse et la télévision, on parle parfois favorablement de ces messianiques, comme de loyaux citoyens.

    Le Jerusalem Institute of Justice (J.I.J)

    Un jeune avocat messianique a créé et dirige cet Institut dont le nom suffit à définir son but. Se référant à la Cour suprême d’Israël, cet Institut veut permettre, entre autres, à tout Juif de trouver sa place en Israël, et cela quelle que soit sa foi.Depuis deux ans et demi, douze Juifs messianiques, auxquels le ministère de l’Intérieur refusait le droit de citoyenneté selon la Loi du Retour, avaient demandé l’aide juridique au bureau d’avocats en lien avec J.I.J.En avril 2008, cet Institut eut gain de cause : une décision fut promulguée par la Cour suprême, stipulant que, selon la loi, « être juif messianique n’empêche personne d’être citoyen d’Israël selon la Loi du Retour ». Une décision très attendue.Le J.I.J lutte pour permettre à la communauté juive messianique d’être reconnue comme étant simplement l’un des divers mouvements du monde juif. Cet Institut mène aussi d’autres combats, contre la pauvreté par exemple.


    Le moshav Yad Hashemona : En 1974, Seppo Raulu, un Finlandais, reçoit de Golda Meir le droit d’installer un moshav sur l’une de collines jouxtant Abou Gosh. Il vient, avec quelques concitoyens, bâtir un mémorial pour honorer la mémoire de 8 Juifs autrichiens réfugiés en Finlande et expulsés vers Auschwitz. C’est Yad Hashmona (mémorial des huit). Ces Finlandais protestants, venus pour aider Israël, y créent une entreprise de menuiserie. Les meubles et infrastructures communes affichent un pur style scandinave. En 1989, trois Juifs messianiques israéliens se joignent à ces Finlandais.Peu à peu, des Juifs messianiques remplacent les pionniers finlandais. En 2008, sur les 15 membres fondateurs, seules quatre Finlandaises sont encore là. Ce village messianique se compose actuellement de 15 familles et de 8 célibataires : 38 membres et une quarantaine d’enfants. Tous ont la nationalité israélienne, acquise parfois par le mariage. Une vingtaine de volontaires internationaux partagent leur vie et leur travail.Ces dernières années, ce moshav s’est transformé en un centre touristique, avec maisons d’hôtes, salles de conférences et restaurant strictement cacher, permettant des cérémonies religieuses, mariages, bar-mitzva, anniversaires, etc. toutes tendances confondues.En 2000, le moshav inaugure son « village biblique » permettant de découvrir les conditions de vie et de travail de l’époque biblique. Une foule d’Israéliens viennent le visiter et y prennent souvent un repas. Certains redoutent l’influence de ces messianiques. Mais, pour Yad Hashmona, la visite de ce musée biblique n’a rien à voir avec une velléité missionnaire. Le moshav dit aspirer à une cohabitation harmonieuse et vouloir trouver sa place dans la société israélienne. Sur ce point, son intégration semble parfaitement réussie.Comme beaucoup de villages communautaires, Yad Hashmona est actuellement en cours de privatisation. Cet été, les 38 membres toucheront la totalité de leur salaire.

    Conclusion

    Ce mouvement est-il devenu un pont entre les Juifs et les chrétiens, comme le désiraient ses précurseurs ? Il est temps que nous, les chrétiens, soyons attentifs à cette réalité nouvelle – mais, à la réflexion, plutôt ancienne - de l’existence de Juifs ayant rencontré le Ressuscité, Jésus Messie d’Israël, sans perdre, pour autant, leur judéité. Et qu’ils puissent compter sur notre solidarité et notre prière.



    source : Antoinette Brémond http://www.un-echo-israel.net

    Aimez le peuple juif

    VA, PARLE À MON PEUPLE


    VA, PARLE À MON PEUPLE

    VA, PARLE À MON PEUPLE
    (Par Guy-Richard BENHAMOU)

    JAPHET DANS LES TENTES DE SEM


    Peut-on être juif et chrétien ? D'Israël ou de l'Église, lequel est le peuple de Dieu ? L'Eglise a-t-elle remplacé les juifs dans les desseins de l'Eternel ? Si oui, comment s'expliquer la survie du peuple d'Israël ? Sinon, quelle est, alors, la place de chacun ? Quels devraient être leurs rapports ?

    Un rabbin reçut un jour la visite de deux de ses disciples venus solliciter son arbitrage dans un différend les opposant. Après avoir écouté le premier, notre saint homme lui dit: « Tu as raison !».

    Vint le tour du second. Après l'avoir écouté aussi attentivement qu'il l'avait fait pour le premier, le rabbin lui assura : « Tu as raison ! ».

    Les deux hommes étant repartis, la rabbanit (nom donné à la femme d'un rabbin) s'exclama à l'intention de son époux : «comment peux-tu leur dire qu'ils ont tous deux raison ? L'un au moins a tort !».

    Et son mari lui répondit: « sais-tu bien quoi ? Toi aussi, tu as raison ! ».

    Cette histoire juive m'est revenue à la mémoire, il y a de cela quelques années, en suivant une passe d'armes entre deux hommes assez connus.

    Le premier, Aaron (dit Jean-Marie) Lustiger, archevêque de Paris à l'époque, se disait juif et chrétien. Le second, René Sirat, Grand Rabbin de France, lui répondait qu'on ne peut se prétendre les deux à la fois,et qu'un juif cessait d'être tel à sa conversion au christianisme.

    Moins philosophe (ou moins juste) que le rabbin de mon histoire, je n'en ai pas conclu que ces deux hommes avaient également raison, mais bien qu'ils avaient tous deux tort.

    En effet, si je considère la thèse du cardinal Lustiger, je soutiens, moi, que la rencontre avec Jésus, le Messie promis à Israël, ne m'a jamais transformé en chrétien ou en converti.

    Converti à quoi, d'abord ? Un juif croit au vrai Dieu de la Bible, il prend les Ecritures au sérieux et attend fermement la venue du Sauveur promis, au point d'en avoir fait son credo. Il n'a pas, comme les gentils, à abandonner « la vaine manière de vivre héritée des pères » (1 Pierre 1:18) et, si Moïse lui reste voilé, du moins n'éprouve-t-il pas le besoin de le découper en autant de tranches et d'auteurs qu'il y a de «théologiens» ou «d'exégètes». Bien loin de m'éloigner, donc, cette rencontre avec le crucifié fut pour moi l'occasion d'un renouveau de ma foi juive, d'un retour aux sources, d'un enracinement plus profond dans mon peuple, sa culture et sa pensée. Jamais je ne me suis senti aussi juif que depuis le jour où, lisant pour en faire une transposition satirique, la parabole du fils perdu et retrouvé (Luc,15:11-24),je me suis retrouvé aux pieds de ce Sauveur mort pour moi et qui avait les paroles de la vie éternelle.

    De ce point de vue, donc, Aaron Lustiger a tort, la croyance au Messie ne fait pas d'un juif un chrétien. Un tel juif reste dans la foi de ses Pères et n'entre pas dans une autre religion pour y adorer selon des rites étrangers. Il est trop fier de ses origines, pour cela. S'il le fait quand même, il entendra forcément, un jour ou l'autre, la voix ténue du désert bruire en son coeur :« Que fais-tu ici, Elie ?» (1 Rois 19:12-13).

    D'ailleurs, comment cesser d'être juif ? Le prophète le constatait déjà: « Un noir peut-il changer de peau, une panthère de pelage ?» (Jérémie 13:23). De toute façon il y a les autres, dont la haine fidèle et séculaire, les préjugés tenaces se retrouvant même chez les meilleurs, nous ramènent, toujours à nos origines. Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, Roi de l'univers, qui nous a donné de tels ennemis pour notre conservation, et un tel aiguillon pour nous maintenir éveillés.

    Maintenant, si l'on prend le terme «chrétien» dans son acceptation véritable, voulant dire «messianique», si on lui refuse sa signification dévoyée d'aujourd'hui, «inconverti total mais baptisé», alors ce mot est applicable à tout juif pieux se respectant.

    Je défie en effet le Grand Rabbin Sirat de trouver un seul juif digne de ce nom qui ne se considère pas sauvé en espérance par le Rédempteur à venir. Il n'a aucune crainte à éprouver, nous resterons entre bons juifs. La vraie définition du mot chrétien, telle qu'elle doit être conçue, reste en effet inapplicable aux 99 % de ce qu'on appelle généralement la chrétienté. (Il s'agit bien évidemment d'une statistique personnelle fondée sur l'expérience de l'auteur, et ne devant rien aux calculs mathématiques). Pour les autres, le 1 % restant, ce sont des gens que même notre Père Abraham eût été heureux de connaître.

    Le Grand Rabbin Sirat a donc tort, et nous sommes chrétiens tous deux, lui et moi.

    Si je me suis tourné vers quelque chose, c'est vers la foi la plus vraie de mes ancêtres. Je devrais plutôt écrire « revenu », au sens juif de la Teshouva, la repentance. Celle-ci ne m'a d'ailleurs mené à nul autre qu'au Rocher de mes Pères. Cette démarche n’est que fidélité.

    Si j'ai reconnu quelqu'un, c'est celui dont Malachie disait : « Voici que j'envoie mon messager, il préparera le chemin devant moi; et viendra soudain en son temple le Seigneur que vous demandez, le médiateur de l'Alliance que vous dé-irez; le voici qui vient, a dit l'Éternel des armées ». (Malachie 3:1, voir Hébreux 8:6, 9:15 et 12: 24).

    Pour moi, je n'ai pas désiré autre chose qu'entendre ce Seigneur me dire : « Voici vraiment un fils d'Israël qui ne jure pas pour tromper » (Jean 1:47 replacé dans sa source du Psaume 24:4).

    Comme tout juif, je porte en moi la nostalgie de Dieu. « Je languis à rendre l'âme après les parvis de l'Éternel. Mon coeur et ma chair crient vers le Dieu vivant » (Psaume 84:3). Ces parvis, je les ai enfin trouvés, c'est le temple véritable qui n'est pas fait de main d'homme, le corps du Sauveur ressuscité, son assemblée, sa Kéhila dont, ô joie, je suis une pierre vivante.

    Seulement, ne venant pas à cette assemblée du milieu des gentils, mais d'entre les juifs, je conçois que mon devoir sera plus grand que le leur. Ne suis-je pas le frère aîné grandi dans la maison paternelle ? L'apôtre Paul écrivait : «Tribulations et angoisses pour tout homme qui commet le mal, pour le juif d'abord et pour le grec ; gloire, honneur et paix à quiconque fait le bien, au juif d'abord puis au grec.»
    (Romains 2:9-10). Il s'ensuit que, assumant la gloire ou l'infamie au premier chef, le juif se trouve enfermé dans ce qui lui vaudra l'honneur ou l'indignité selon qu'il l'exercera ou non : la responsabilité.

    A partir de ce moment où j'ai été ajouté à l'Assemblée, est tombée la double séparation: d'abord celle du mépris dressée par les juifs entre eux et l'impureté de la gentilité ; ensuite celle de l'hostilité du monde chrétien à l'égard d'Israël.

    Le mur étant tombé, je me suis vu uni à mes frères, les autres rachetés du Messie, dans un sacerdoce universel où les fils d'Israël deviennent les serviteurs de tous.

    Kéhatites d'aujourd'hui (Voir Nombres 3:27-32), ils sont chargés plus spécialement de la Parole et de son exégèse, symbolisées à l'époque par l'arche et les instruments du culte.

    Attention, je ne dis pas ici que tous les enseignants de l'Eglise dussent provenir des milieux juifs ; il m'apparaît seulement que les croyants issus du judaïsme devraient tous avoir reçu du Saint-Esprit le ministère d'enseignement, ce qui n'est pas la même chose. Bien sûr, il ne pourrait s'agir que de ceux ayant acquis une éducation juive alliant la connaissance de l‘hébreu à celle de l'esprit du Midrash (étude et interprétation des textes bibliques), afin d'aller aux sources du commentaire rabbinique et retrouver le fil reliant la Nouvelle Alliance à la Mishna. Il en va pour eux, en effet, comme pour tous les autres croyants : L’Esprit ne donne pas de ministère à qui n'est pas capable de l'exercer. Et qui sait ? Ces juifs-là étant tous fidèles et obéissant à leur vocation de Kéhatites modernes, y aurait-il encore besoin d'enseignants venus de la gentilité ? Est-ce si invraisemblable que ces derniers n’aient été suscités que faute de juifs en nombre suffisant ? Nous avons bien l'exemple de l'Eglise appelée à pallier la défaillance d'Israël ! Ne perdons pas de vue que les premiers enseignants de l'Eglise, les apôtres, étaient juifs, que leur enseignement était rabbinique, et que le déclin spirituel de l'Eglise a commencé à l'époque où elle s'est gentilisée à outrance.

    Reprenant alors l'exclamation de Paul en Romains 2 dont il est question quelques paragraphes plus haut, je définis ainsi cette responsabilité des fils d'Israël: tribulation et angoisse sur le juif n'étant qu'un consommateur dans l'Eglise ! Gloire, honneur et paix sur tout juif pilier de son Assemblée, lui qui a reçu à la fois les dix talents, qui sont les dix commandements, et les cinq autres représentant les cinq rouleaux de la Loi. J'ai donc pris ma place en essayant de remplir au mieux mes obligations. Hélas, avec le temps, il m'est apparu que l'attitude de l'Eglise ne le cède en rien à celle de la Synagogue : De même que les juifs ont été incapables de comprendre le mystère de l'Eglise, celle-ci est restée incompréhensive devant celui d'Israël. L'esprit du Grand Rabbin Sirat n'est jamais loin, même en milieu chrétien et, très souvent, j'ai senti qu'on me disait, pour m'apaiser: « Mais non, mais non, tu n'es pas un converti, tu es un juif accompli ! », avec l'air que devait avoir la maman de Toto lui disant: « Mais non tu n'as pas une trop grosse tête ! Tiens, prends ton béret et rapporte-moi dedans dix kilos de pommes de terre ».

    Les deux, Eglise et Synagogue, ont des réactions identiques dictées par un commun illogisme ancré dans une semblable incompréhension mutuelle. Pour la première, un cafre, un zoulou, un martien, peuvent se convertir et rester ce qu'ils sont. Cette règle, cependant, souffre comme toutes ses soeurs une exception : en « faveur » du juif, qui ne doit plus le rester à sa conversion, mais devenir un chrétien, terme aussi vague qu'ambigu puisque, apparemment, on peut être tout ce qu'on veut dans l'Eglise, y compris marxiste, yogi ou fétichiste. Tout, sauf juif.

    La Synagogue est aussi peu cohérente, qui accepte que les juifs aient toutes les opinions du monde, même qu'ils fassent partie de cercles de réflexon bouddhique ou de la libre-pensée. On accepte tout mais, attention... Pas Jésus !

    La résultat aussi anormal que contre-nature est que, empêché de vivre ma foi en Christ au milieu de mes frères selon la chair, j'en suis réduit à adorer dans un milieu où les réflexions désobligeantes à l’égard de mon peuple sont monnaie courante.

    Déjà le psalmiste gémissait : « Malheur à moi, car j'habite à Méshek, je demeure parmi les tentes de Kédar » (Psaume 120:5), cependant qu'au Moyen-Age le poète Juda Halévy se lamentait : « Je suis en Occident et mon coeur est en Orient ».

    Pour ce qui concerne l'Eglise, le malentendu tire son origine de la réflexion chrétienne sur les juifs. Celle-ci s'articule autour de quelques points, eux-mêmes la conséquence de cette incompréhension fondamentale du rôle de chacun, pour une part, et du désir d'éliminer Israël afin de rester le seul peuple de Dieu, de l'autre.

    On retrouve ces points, cette incompréhension, cet esprit, ainsi que le cheminement y menant et en venant, dans deux textes particuliers. Ils englobent toute la chrétienté, puisque l'un est catholique et que l'autre, oecuménique, est adopté par les protestants aussi. (Au surplus, il ne faut pas l'oublier, ces derniers sont fils du catholicisme quoi qu'ils en aient. Ils en viennent et la nef de leur théologie s'amarre à un tronc commun, jamais renié par la Réformation).

    Pour le premier document dont j'ai parlé, il s'agit de la « Déclaration sur les religions non-chrétiennes et sur les juifs », promulguée dans le cadre de Vatican II, le 28 octobre 1965. J'en cite les passages les plus significatifs à mon sens, concernant le sujet qui nous intéresse:

    «... L'Eglise a toujours devant les yeux les paroles de l'apôtre Paul sur ceux de sa race "à qui appartiennent l'adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et les patriarches, et de qui est né, selon la chair, le Christ (Romains 9:4-5), le fils de la Vierge Marie. Elle rappelle aussi que les apôtres, fondements et colonnes de l'Eglise, sont nés du peuple juif, ainsi qu'un grand nombre des premiers disciples qui annoncèrent au monde l'Evangile du Christ ....»

    «...S'il est vrai que l'Eglise est le nouveau peuple de Dieu, les juifs ne doivent pas pour autant être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Ecriture ...»

    Le titre de ce document, déjà, était aussi cocasse que révélateur. Mêler Israël aux autres non-chrétiens, comme s'il s'agissait d'un vulgaire culte idolâtre, voilà une démarche annonçant le but !

    Il eût été plus sage de regrouper d'un côté les religions bibliques (catholique, juive et protestante) et d’un autre tout le reste. Mais, n'est-ce pas, on risquait, ce faisant, de rendre aux juifs ce droit de regard et de propriété sur cette Bible, leur Bible, qu'on s'est tant ingénié à leur dénier au cours des siècles, De quoi aurait-on l'air, je vous le demande un peu, s'il fallait se préoccuper de ce qu'Israël pense des Ecritures, au mépris de la doctrine du magistère de l’Eglise, doctrine par ailleurs non-scripturaire (comment dit-on « trois fois hélas » en latin ?). Voilà pour les catholiques.

    Pour la partie protestante, l'aboutissement de la pensée se trouve dans le texte adopté à Amsterdam, en 1948, par l'assemblée Constitutive du Conseil Oecuménique des Eglises. Pour ce document aussi, je cite les passages me paraissant les plus dignes d'être notés, en ce qui nous concerne ici :

    «... C'est à Israël qu'il a promis la venue de ion Messie. C'est par l'histoire d'Israël que Dieu a préparé la crèche où, lorsque les temps furent accomplis, il fit naître le Sauveur de toute l'humanité. L'Eglise a reçu cet héritage spirituel et elle doit l'interpréter à la lumière de la Croix ...»

    Nombreux sont ceux pour qui lefait que le peuple juif continue d'exister sans reconnaître le Christ est un mystère divin, qui ne peut s'expliquer que parce que Dieu, dans sa fidélité et sa miséricorde inaltérables, poursuit un but...»

    «... Afin que les Eglises puissent accomplir la tâche qui leur a été confiée par notre Seigneur dans ce domaine, il faut que tombent certaines barrières ...»

    «...C'est seulement lorsque nous aurons montré clairement à nos compatriotes israëlites que nous désirons les faire bénéficier des droits et privilèges que Dieu confère à tous ses enfants, que nous pourrons parvenir à les rencontrer de telle sorte qu'il devienne possible de leur faire part de la grâce excellente que Dieu nous a accordée en Christ...»

    Ce dernier document est quand même différent du premier, sinon par sa théologie du moins par son esprit, en ce sens qu'il est de ton plus fraternel à l'égard des juifs ; mais, de l'aveu-même de ceux-ci, l'amitié pour le Peuple Elu est fréquent chez les protestants. Se voulant sans Tradition, les gens de la Réforme ont du moins celle-là, que je n'irai certes pas leur reprocher.

    Les deux textes dont je viens de citer des extraits n'ont pas pris une ride, depuis le jour où ils furent promulgués. J’en tire ici, très succinctement, les conclusions logiques :

    1) L'Eglise étant le nouveau peuple de Dieu, lsraël a donc terminé son rôle, après avoir donné au monde le Messie et les Ecritures ;

    2) L'Eglise revendique l'héritage et donc la succession d'Israël, éliminé puisque … etc ... etc, voir 1.

    3) L'Eglise doit convertir Israël afin de le mettre, généreusement, au bénéfice de droits et privilèges qu'il possède déjà du fait de l'Election, mais que ... etc ... etc, voir 2.

    II faut être soi-même juif et avoir une expérience deux fois millénaire en fait de sollicitude chrétienne, de déclarations sur les juifs, de conversions forcées, de bûchers et de persécutions ; il faut avoir gardé un souvenir brûlant de la très chaleureuse Inquisition et de son bouillant Torquemada, pour apprécier à leur juste valeur de tels documents et en goûter tout le sel, ce sel dont on saupoudre les viandes, qu'elles soient saignantes, grillées sur feu de bois, ou simplement accommodées au gaz.

    Jusqu'ici, ce n'est déjà pas trop mal; mais il existe actuellement une approche nouvelle de la question, consistant à dire après Paul : « Dieu n'a pas rejeté son peuple, que d’avance, il a connu » (Romains 11:2). Seulement, alors que chez Paul cette affirmation est sans restriction (et pour cause !), on met derrière la démarche d'aujourd'hui une arrière pensée bien précise : Dieu veut bénir son peuple, à condition que celui-ci disparaisse par la conversion, par la fusion dans une Eglise, où il n'y a plus juif ni grec.

    Bien trouvé, non ? L'anéantissement comme preuve ultime de la bénédiction, il fallait y penser ! Et une fois qu'on y avait pensé, il fallait oser le dire.

    La chrétienté a tout essayé, depuis l'avilissement et les bûchers jusqu'aux chambres à gaz car l'antisémitisme nazi est un produit de l'antisémitisme chrétien, comme la démarche dont je parle ici est soeur des chambres à gaz (1). Rien n'ayant vraiment réussi, on tente maintenant par la bande. C'est toujours le même poison, seule l'étiquette a changé. Tout ceci reflète bien l'embarras, l'irritation et la perplexité de l'Eglise pagano-chrétienne devant la survie juive. Si ce peuple d'Israël avait l'élégance et le bon goût de disparaître ou seulement, on ne lui en demande pas plus, de se déclarer hors-jeu, tout serait plus clair et plus aisé pour une Eglise voulant être reconnue comme le seul et authentique Israël de Dieu.



    (1) En effet, si le nazisme a pu s'établir en Allemagne et y répandre ses théorie antisémites, c'est certes pour une part du fait des circonstances économiques ayant fait prendre cette idéologie pour un moindre mal ; mais il n’aurait jamais rencontré l’acceptation que l'on sait, sans une forte tradition antijuive établie par l'Église.

    Il est d'ailleurs frappant de constater à quel point les frontières de l'antisémitisme coïncident avec celles du christianisme, particulièrement du catholicisme.

    On peut dire que plus grande est l'emprise de la religion chrétienne, plus fort est le sentiment antijuif (par exemple en Espagne, en Pologne, en France, et dans tous les pays catholiques en général).

    Fait historique à noter : on a relevé des traces d'abordage juif en Chine et au Japon, dans les premiers siècles de notre ère. Mais les religions locales n'étant pas mues par des motivations concurentielles à l'égard des juifs, leur accueil a été cordial au point que les nouveaux arrivés se sont fondus dans la masse. Seuls les historiens ont pu déceler des traces de leur passage.

    Quand aux musulmans, leur hostilité est tournée plus contre le judaïsme en tant que base sioniste de revendication territoriale que contre le juif lui-même, Ismaël et Israël n'ont pas perdu de vue leur fraternité et la "haine" arabo juive (ou judéo-arabe, comme on voudra) actuelle ne correspond à rien de semblable dans le passé. Elle n'a d'origines que politiques et modernes.

    Malheureusement cette sacrée nation juive s'accroche à la vie et refuse de se déclarer morte. Bien plutôt, comble d'impudence et d'outrecuidance, elle s'obstine à se prétendre le seul Israël.

    Pour rendre les choses un peu plus compliquées, il y a des chrétiens sincèrement amis du peuple de l'Election et se réjouissant de l'existence de l'Etat d'Israël, dans lequel ils voient (avec raison) la réalisation des promesses concernant le retour des exilés.

    Mais la logique de ces gens veut que Dieu ne ramène Jacob à Sion que pour le convertir au christianisme, à la suite de quoi il se fondra dans l'Eglise. Résultat : plus de juifs. Alors, pourquoi la résurgence d'un état juif, si c'est aux fins de disparition ? Le Dieu de ces gens-là serait-il inconséquent ?

    Décidément, les bons sentiments ne vont pas de pair avec la logique, et cette façon de voir révèle que rien n'est simple, s'agissant d'Israël. Tout devient brûlant, passionnel et irrationnel, dès qu'on y touche. Mes frères selon la chair ont bien raison de dire que la question juive est avant tout une question chrétienne !

    Pour ne rien arranger, l'Eglise s'est dotée en la matière d'une argumentation biblique à tout le moins sélective. Telle la reine-sorcière du conte de Blanche-Neige, elle a passé son temps à se contempler narcissiquement dans une Bible-miroir ne devant lui dire que ce qu'elle était disposée à entendre. Rejetant résolument ce qui était contraire à ses prétentions, et retenant uniquement ce qui la chatouillait agréablement en la caressant dans le sens u poil, elle a pris, à la fois, ses désirs pour des réalités, elle-même pour le centre du monde et Israël pour le trouble-fête de service.

    ***

    Pour commencer, qui a décidé que l'Eglise était le nouveau peuple de Dieu supplantant l'ancien, ainsi qu'elle aime à le répéter ? La Bible ? Sûrement pas ! Tout au plus peut-on trouver, chez Paul, l'expression « Israël de Dieu » s'appliquant ... aux juifs qui, comme lui, étaient arrivés à la connaissance du Messie (Galates 6:11-17).

    Toute cette doctrine, aussi délibérément meurtrière que scripturairement abominable et scandaleuse, repose sur une tradition remontant aux prétendus pères de l'Eglise (les vrais sont les apôtres), et établie par leurs soins.

    Parmi ces «pères», il faut citer au tableau de déshonneur de l'antisémitisme, trois hommes en particulier : Jean Bouche d'Or, Augustin et Ambroise de Milan. Ces trois-là sont contemporains (IVème Siècle). Quelques centaines d'années plus tard viendra Thomas d'Aquin, lequel a repris, condensé et légalisé leurs théories, en sa fameuse « Somme théologique »", devenue le vade-mecum de l'Eglise.

    Ces gens-là ont haï Israël de la haine d'Esaü pour Jacob, de celle d'Aman pour Mardochée, pour semblables raisons : ne supportant pas une Election qui ne les englobaient pas, ils écumaient contre cette atteinte au bon goût chrétien.

    Je ne veux pas insinuer que tous les autres « Pères » aient été purs et innocents en cette affaire, certes non ! Loin de moi une pensée aussi méchante ! Qu'on pense seulement à Clément d'Alexandrie!

    Ils n'ont jamais réussi à se hisser aux sommets de virulence qu'avaient atteints les quatre dont je parle, c'est tout. Mais je suis sûr que, malgré des facultés personnelles peut-être plus réduites, ils ont fait humblement de leur mieux pour nuire aux enfants de Rachel et Bilha. Au jour de la Rétribution, leurs efforts seront rappelés, car ils étaient malgré tout pleins de zèle dans leurs mauvaises intentions.

    Jean Chrysostome (Bouche d'Or en français), ne reculait devant aucune injure, fut-elle la plus ordurière, dès qu'il parlait du peuple de Dieu (voir en particulier ses « Homélies contre les juifs »).

    Augustin a plus précisément défini la notion d'Israël peuple déchu, devenu l'esclave porte-livres de l'Eglise, et dont l'abaissement ainsi que la survivance servent à souligner le triomphe de cette dernière, qui prend sa place dans l'Election et les promesses bibliques.

    Ambroise de Milan a violé toutes règles de la justice et de l'équité, pour nuire à ce peuple juif. Sous menace d'excommunication, il a même forcé un empereur aux sentiments plus nobles, Théodose, à faire de même dans l'affaire dite « de Callicon », une bourgade sur l'Euphrate.

    Il s'agissait d'une synagogue incendiée et pillée à l'instigation de l'évêque du lieu. Théodose voulait châtier les coupables et faire reconstruire l'édifice à leurs frais. Ambroise s'y est opposé. Son argumentation était, en substance, que le culte des ennemis du Christ n'a droit à aucun secours, que la Synagogue est un lieu d'impiété autant que de perfidie, et que charger la police romaine d'assurer la punition des émeutiers et de protéger les juifs, équivaudrait à envoyer des romains contre Christ.

    Quant à Thomas d'Aquin, il était viscéralement, intrinsèquement anti-juif. Cela suffisait apparemment à son équilibre. Tout ce qu'il demandait, c'était que les juifs soient maintenus éternellement dans cet état d'abaissement proposé par Augustin. Un modeste, en Somme !

    Bien sûr, leur enseignement était à l'avenant, que Jules Isaac a pu, à juste titre, qualifier d'enseignement du mépris. Puisant chez eux sa théologie, l'Eglise les a malheureusement suivis. Façonnée par de tels pré-hitlériens, elle se donnait des maîtres selon son coeur, qui lui répétaient ce qu'elle avait appris d'eux. Pourquoi, dans ces conditions, les eût-elle remis en cause ?

    Pourtant, on juge de l'arbre à ses fruits et, sur des épines ou des chardons, on ne cueille pas de figue (Matthieu 7:16-20). Comment donc l'Eglise n'a-t-elle pas compris qu'un enseignement de haine ou de mépris en général, et contre Israël en particulier, ne pouvait provenir de Dieu, ni lui être agréable ?

    Ce dont je m'étonne, ce qui m'apparaît scandaleux, c'est justement le fait que ces vomisseurs de haine n'aient jamais été remis en question, les catholiques les ayant canonisés, et les protestants les considérant toujours comme les Pères de l'Eglise, devant être lus et médités.

    Ont bonne mine, dès lors, ceux qui s'élèvent contre l'antisémitisme !

    Dans la déclaration sur les juifs promulguée par Vatican II et que j'ai déjà citée, il est écrit : « Que tous donc aient soin, dans la catéchèse et la prédication de la parole de Dieu, de n'enseigner quoi que ce soit qui ne soit conforme à la vérité de l'évangile et l'esprit du Christ. »

    Pour l'Oecuménisme et le Protestantisme, dans la déclaration adoptée à Amsterdam et que j'ai citée aussi, il est dit: « Nous demandons à toutes les Eglises représentées ici de dénoncer l'anti-sémitiume, quelles que soient ses origines, comme une attitude absolument inconciliable avec la profession et la pratique de la foi chrétienne. L'antisémitisme est un péché à la fois contre Dieu et contre l'homme ».

    Belles paroles, mais comment les prendre au sérieux quand que ce sont les docteurs de l'Eglise qui ont donné naissance à la haine du juif, et que ces docteurs ne sont ni rejetés ni condamnés ?

    Par exemple, c'est bien poussée par l'enseignement de ces docteurs que la chrétienté a fermé les portes de toutes les professions aux juifs, surtout et y compris l'artisanat et l'agriculture, où ils excellaient, afin qu'ils ne puissent faire concurrence aux chrétiens ou les dominer en les employant, n'est-ce pas ? Cette chrétienté leur a bien laissé, comme seuls champs d'activités, la finance, le commerce et l'étude, n'est-ce pas ? Et maintenant elle vient se plaindre de ce que les juifs aient trop bien réussi dans ces domaines ? Ils sont devenus ce qu'on voulait qu'ils devinssent.

    Comme toujours, ce sont les incendiaires qui crient « au feu »!

    Que les "pères" soient catégoriquement, définitivement, réprouvés dans leur enseignement sur Israël (à tout le moins, car il y a, chez eux, bien des sornettes), et nous pourrons alors parler sérieusement des rapports entre juifs et chrétiens.

    Moins de belles intentions et un peu plus d'actes. Non plus de ces phrases sur la fraternité spirituelle, ne voulant finalement rien dire dans un tel contexte, mais des gestes montrant un repentir sincère.

    A propos, à quand la reconnaissance de l'Etat d'Israël par le Vatican ? Occasion de montrer que l'Eglise catholique rend à l'état juif la place lui revenant, cette reconnaissance montrerait aussi qu'on sait ne pas TOUJOURS lui préférer d'autres amitiés.

    En lisant ce qui précède, on pourrait croire, que je me suis mis en tête de démolir l'Eglise. Rien n'est plus loin de ma pensée mais, outre le fait qu'elle a diligemment fourni les verges pour la battre, elle s'est d'elle-même fourrée dans le bourbier où je l'ai trouvée se démenant. Elle a envoyé le balancier si loin et dans une direction tellement fausse, que je suis maintenant obligé de peser de toutes mes forces, juste pour le remettre au milieu.

    ***

    Si la Bible ne dit presque rien d'Israël devant l'Eglise, elle parle abondamment de celle-ci face à celle-là. L'apôtre Paul évoque, entre autres, l'image de l'olivier sauvage greffé sur le tronc de l'olivier franc. Il est dommage que les chrétiens n'aient pas réalisé tout ce qu'implique cette illustration.

    L'image de la greffe est là pour nous montrer que l'Eglise n'est pas un Israël supplantant l'ancien, vivant à sa place. Autrement, elle ne serait qu'un parasite. Bien au contraire, cette image est utilisée pour expliquer que les deux sont, chacun pour sa part, un visage particulier du même peuple. La sève, montant par le tronc, irrigue tout l'arbre. Ce n'est pas une sève différente, et elle n'irrigue pas de deux façons distinctes. Si le juif est bien juif, le chrétien l'est aussi.

    Enté contre sa nature première, le converti est naturalisé juif à la Croix, qu'il le veuille ou non, et n'en déplaise à Israël selon la chair. C'est cela qu'il faut comprendre : s'il y a bien un Israël selon la chair (le peuple juif) et un Israël selon l'Esprit (l'Eglise), ce n'est pas dans un contexte d'antagonisme, une perspective d'opposition ou un cadre de rivalité haineuse ; les deux sont chacune la moitié d'un tout formant un seul peuple, l'Israël complet de Dieu.

    On peut, bien sûr, s'étonner de ce que j'avance , je réponds seulement qu'on ne s'est pas donné la peine de comprendre ce que parler veut dire, en lisant les épîtres.

    Paul écrit :« Souvenez-vous donc qu'autrefois, vous qui portiez le signe du paganisme dans votre chair, vous que traitaient d' « incirconcis » ceux qui se prétendent les « circoncis »; à la suite d'une opération pratiquée dans la chair, souvenez-vous qu'en ce temps-là, vous étiez sans Messie, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui jadis étiez loin, vous avez été rendus proches par le sang du Christ. C'est lui, en effet, qui est notre paix: : de ce qui était divisé, il a fait une unité. Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation : la haine. Il a aboli la Loi et ses commandements avec leurs ordonnances. Il a voulu ainsi, à partir du juif et du païen, créer un seul homme nouveau, en établissant la paix, et les réconcilier avec Dieu tous les deux en un seul corps, au moyen de la Croix ; là, il a tué la haine. Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin, et la paix à ceux qui étaient proches.

    Et c'est grâce à lui que les uns et les autres, dans un seul Esprit, nous avons l'accès auprès du Père. Ainsi, vous n'êtes plus des étrangers, ni des émigrés ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la famille de Dieu. Vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les apôtres et les prophètes, et Jésus-Christ lui-même comme pierre maîtresse» (Ephésiens 2:11-20).

    Lorsque Paul écrit cela, il veut dire :«Vous n’existiez pas au regard de Dieu, pour qui seul Israël comptait tandis que, perdus dans l'idolâtrie, vous étiez sans le vrai Dieu vivant. Vous n'aviez pas même la promesse d'un Sauveur et votre vie impure dressait une barrière de haine entre les juifs et vous, cependant que leur pureté en dressait une autre de mépris. Mais maintenant, Christ étant venu, il vous introduit dans la communauté d'Israël par la porte latérale du salut, sans que vous soyez astreints aux sacrifices ou à quelque obligation cultuelle que ce soit. Rapprochés des juifs et n'étant plus étrangers aux alliances puisque introduits maintenant, par la porte de la Croix, dans cette alliance où se trouvaient à les juifs ; en un mot, naturalisés juifs, voilà les chrétiens.

    Il n'est pas question d'un clou chassant l'autre, Mais d'un même emplacement pour les deux.

    Maintenant, et comme dans la parabole du fils perdu (Luc 15:11-32), le fils aîné peut fort bien bouder à la porte et refuser d'entrer se réjouir, trouvant scandaleux qu'on accueille des pécheurs. Il n'en reste pas moins le fils aîné. Le père est sorti à la porte pour le supplier d'entrer (Luc 15:28), et ne cessera de l'adjurer qu'à sa conversion, à son entrée dans la salle des réjouissances. Si, pendant cet intervalle de temps, l'Eglise seule devait avoir conscience de sa fraternité avec Israël, eh bien, tant pis pour Jacob. Les deux n'en sont pas moins un pour cela et il appartient aux chrétiens de se montrer fraternels pour deux, puisqu'aussi bien Israël est rendu incapable, actuellement, d'être spirituel.

    On pourra objecter que les deux sont quand même par trop différents: Israël est un peuple, au plein sens ethnique du mot. L'Eglise, elle, est un rassemblement de gens venus de tous les horizons, sans aucun lien entre eux que la Croix. Comment les deux seraient-ils donc un seul corps malgré cette différence, substantielle il faut le dire ?

    Il s'agit-là d'un mystère, où l'Eglise remplace les dix tribus à jamais disparues depuis l'an 721 avant notre ère, lors de l'exil en Assyrie du Royaume du Nord.

    C'est d'ailleurs pourquoi, même alors que cet exil est un fait accompli, la Parole de Dieu s'adresse aux douze tribus comme si de rien n'était ; voilà aussi pourquoi il est si souvent question d'une restauration nationale, dans laquelle les dix tribus, pourtant définitivement évanouies, viendront s'unir à Juda et à Benjamin.

    Il faut lire les prophètes, en particulier Jérémie, pour saisir concrètement le fait. Il vivait un siècle après la chute de Samarie, capitale de cet Israël, mais annonce le retour des exilés. Son chapitre 31, tout spécialement, est clair. On y a généralement vu une prophétie sur les juifs seuls, mais une prophétie a toujours au moins quatre applications différentes; l'une des quatre concerne l'Eglise, adressée qu'elle est à la maison de Juda ET à la maison d'Israël.

    Dans tous ces écrits, il s'agissait pour l'Esprit d'annoncer la place respective de chacune des deux parties d'Israël, dans l'ère de la grâce à venir. Mais comme, en fait de mystère, l'Eglise en est un autre révélé seulement dans la Nouvelle Alliance, comme d'autre part on a toujours dénié à Israël sa place véritable, personne (à ma connaissance tout au moins) n'a établi le rapprochement. Certains ont même voulu voir un dualisme là où il fallait reconnaître une dualité.

    Ce n'est pas là un langage symbolique, une façon de parler, une manière de voir les choses ; c'est la plus stricte réalité. Aussi, pensant à l'attitude Chrétienne courante à l'égard des israélites, je me dis que la face anti-juive de l'Eglise devrait méditer le raisonnement suivant :

    Si les deux ne forment en réalité qu'un, alors toucher à Israël n'est pas seulement attenter à Dieu (Deutéronome 32:9-10 ; Zacharie 2:8 entre autres), c'est aussi porter atteinte à l'Eglise elle-même. Qui se dit chrétien et nuit à Israël, se nuit à lui-même.

    L'Eglise doit le comprendre : Israël selon la chair disparaissant, c'en serait fait d'elle. Il ne lui resterait plus d'issue. En effet, c'est au retour du Seigneur qu'Israël le reconnaîtra comme son Messie : « Et je répandrai sur la maison de David et sur l'habitant de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication. Alors ils regarderont vers moi, celui qu'ils ont transpercé. Ils célèbreront le deuil pour lui, comme pour un fils unique et ils pleureront amèrement comme pour un premier-né » (Zacharie 12:10). Les chapitres 12,13 et 14 de ce prophète sont à lire avec attention, si on veut comprendre le retour du Messie sur le Mont des Oliviers et la conversion d'Israël qui s'ensuivra. Or, l'Epître aux Romains nous dit : « l'endurcissement d'une partie d'Israël durera jusqu'à ce que soit entré l'ensemble des païens [qui doivent composer l'Eglise, n.d.l'auteur], et alors tout Israël sera sauvé, comme il est écrit: un Rédempteur viendra pour Sion et pour ceux de Jacob qui sont prisonniers de l'iniquité » (Romains 11:26-27).

    Si donc Israël disparaissait entretemps, lui qui doit fermer la marche (Et alors tout Israël sera sauvé), l'Eglise se retrouverait en posture assez incommode, un pied en l'air et l'autre posé sur du vent, puisque le peuple devant clôturer l'histoire du monde, le peuple devant fermer l'Eglise après l'avoir Ouverte, ce peuple-là n'existerait plus pour jouer son file à ce moment.

    Il ne resterait plus à l'Eglise, vaisseau fantôme des temps modernes, qu'une course erratique et sans fin au seuil, jamais franchi, d'une éternité n'en finissant pas de s'écouler sans elle. Telle une fusée spatiale ayant raté sa rentrée dans l'atmosphère et rebondissant dans l'infini de l'espace et du temps, ainsi sera cette Eglise si le peuple d'Israël n'est pas là pour fermer la marche au retour du Seigneur. Que l’Eglise comprenne et prenne garde !

    Maintenant, quid prodest ? Cherchons à qui le crime profiterait et nous aurons tout compris. Nous verrons alors pourquoi certains poussent si fort à la roue de l'antisémitisme : le retour du Messie annonce sa défaite à lui, Satan, l'ennemi personnel de 'Eglise et d'Israël. Pour éviter cette défaite, il lui suffirait d'escamoter le peuple de l'Alliance, ce pivot du plan de Dieu.

    Quel dommage que, n'ayant pas su voir cette Chose, l'Eglise se soit laissée manipuler par le Grand Menteur, au point d'être devenue son pistoléro. Poussée par lui, elle a voulu, tel Achav devant Navoth, assassiner pour hériter (1 Rois 21:19).

    La prophétie lui disait : « Dieu mettra Japhet au large, et il demeurera dans les tentes de Sem »

    (Genèse 9:27). Cohabiter ne lui suffisant pas, l'Eglise a voulu en plus rester seule maîtresse des lieux. Comme je l'ai dit, elle a tenté d'assassiner pour hériter.

    Bien sûr que l'Eglise est un peuple acquis ! Bien sûr qu'elle est un peuple pour Dieu ! Mais qu'elle ne s'imagine pas pouvoir se débarrasser de l'autre partie afin de rester seule dans le coeur du Père ! Les deux cohabitent, l'une choisie et l'autre acquise, pour former un seul ensemble. De même que le rachat de l'Eglise ne peut se voir remis en cause, ainsi l'élection d'Israël est-elle pour l'éternité.

    Il y a donc deux destins et deux situations dans un même corps. Dieu poursuit une relation spéciale avec l'Eglise, dont Israël est exclu. Par contre, ses rapports avec celui-ci sont autres, se situant à un niveau où, à son tour, l'Eglise n'a rien à faire. L'une est aimée à cause de l'Evangile, et le second l'est à cause des Pères (Romains 11:28).

    Jusqu'au retour du Seigneur, Israël suit le sort commun des nations et des peuples. Il fait partie des familles du monde, dont il partage toutes les vicissitudes. Face charnelle du peuple de Dieu, son destin est temporel jusqu'au jour de l'Eternel. Alors, s'indigner de ce qu'un individu juif, voire une communauté israélite ou l'Etat d'Israël, puisse commettre des injustices ou se conduire d'une façon immorale est une réaction naïve. Attendre d'eux des comportements différant de ceux du monde est absurde. Il n'y a rien de commun entre le peuple sanctifié que l'on veut s'obstiner à discerner malgré les évidences contraires et le peuple charnel qui, lui, existe réellement.

    Dans le processus de renaissance décrit au chapitre 37 du livre d'Ezéchiel, ce chapitre dont tous, juifs et chrétiens, se gargarisent à l'envi, nous n'en sommes encore qu'au verset 8: « Il leur vint des nerfs, la chair crût et la peau les couvrit par dessus ; mais il n'y avait point en eux d'Esprit ».

    Somme toute, ils sont là où en sont les autres peuples.

    L'Eglise, étant la face spirituelle du peuple de Dieu, doit vivre la plénitude de sa spiritualité, en laissant aux juifs les aspects matériel et terrestre.

    L'épouse du Christ n'a pas de royaume à conquérir (sauf celui des Cieux, bien évidemment) ; elle n'a pas à « lutter contre la chair et le sang, mais contre les esprits méchants dans les lieux célestes »
    (Ephésiens 6:12)

    Qu'elle reste digne de la vocation lui ayant été adressée, et elle sera, littéralement, le corps du Messie sur la terre. Il n'a d'yeux, de jambes, de bras, de langue, qu'à travers elle. Parle-telle ? Agit-elle ? Marche-t-elle ? C'est Jésus qui fait véritablement tout cela. Qu'au contraire elle se taise, et c'est Christ qu'on baillonne et qu'on ligote.

    Sa responsabilité étant aussi grande, elle doit prendre garde à son ministère : elle n'est pas là pour moraliser, par exemple, mais pour annoncer la Croix. Le inonde n'a que faire de la morale dite chrétienne, il a la sienne, ressemblant comme une soeur jumelle à la première. Ce qu'elle est, d'ailleurs. Aussi les doux sont-elles également frappées d'interdit.

    En effet, que sert-il au monde d'être moralisé, s'il n'est pas sauvé de la colère à venir et rendu conforme à ce que Dieu exige ? Le sépulcre, pour blanchi qu'il soit, sera-t-il moins sépulcre ?

    On peut être, tout à la fois, très honnête, très moral et très perdu aux yeux du Seigneur; il condamnera toujours nos efforts à devenir meilleurs, en nous demant : « A quoi donc crois-tu que serve la croix, toi qui veux te justifier toi-même ? Ne sais-tu pas qua c'est impossible ? Si l'homme pouvait s'améliorer par lui-même, s'il était humainement perfectible, crois-tu que j'aurais pris la peine d'envoyer mon fils mourir

    Golgotha ? Si être moral et honnête peut suffire devant moi, en quoi les hommes ont-ils failli » ?
    Voilà ce que l'Eglise doit dire, voilà son seul message au monde, etvoilà l'unique rôle qu'elle doive jouer ! Eût cette chose été claire, l'Eglise se fut épargnée pas mal d'impairs. Laissant à Israël les privilèges de l'Election et la tâche d'annoncer une morale humaine, elle eût alors lui de tout l'éclat de la Parole et de l'Esprit, éclat devant, seul, être le sien.

    Tout le drame vient de ce que deux sphères différentes ont été mêlées. Nos deux boiteux prétendent, en effet, avoir chacun deux pieds droits, être chacun et tout ensemble le spirituel et le temporel.

    L'Eglise, au moins, devrait s'être souvenue que les deux sont incompatibles et que, dans l'optique scripturaire, « la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume des Cieux » (1 Corinthiens 15:50).

    La conclusion est donc que l'Esprit regarde vers le Royaume, c'est la part de l'Eglise, tandis que la chair s'attache au monde, c'est celle d'Israël.

    N'ayant, semble-t-il, jamais compris ce que j'avance dans ce chapitre, l'Eglise a toujours achoppé sur les promesses faites à Abraham. Père des croyants (mais uniquement des croyants fondés sur la Bible, seule Révélation écrite de Dieu), celui-ci est hautement revendiqué par les chrétiens; et ils ont absolument raison. Mais la filiation spirituelle n'est que parallèle à la filiation physique ; elle ne peut la supplanter.

    Sans contredit, c'est le fils légitime qui hérite. Dans le cas présent, Isaac est l'héritier, tandis qu'Ismaël n'héritera pas. Oh, bien sûr, il reçoit aussi une bénédiction, mais ne la doit qu'à l'insistance de son père. Et que dit le Seigneur ? «Ta femme Sarah va t'enfanter un fils et tu lui donneras le nom d'Isaac. J'établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle pour sa descendance après lui. Pour Ismaël, je t'exauce. Vois, je le bénis, je le rends fécond, prolifique à l'extrême; il engendrera douze princes et je ferai sortir de lui une grande nation [au sens sémite de "nombreuse", n.d.l'auteur] mais j'établirai mon alliance avec Isaac que Sarah te donnera l'année prochaine à cette date ». (Genèse 17:19-21).

    On le voit par ce passage, l'Eternel préfère parler d'Isaac que d'Ismaël, avec lequel il n'envisage aucune alliance, et qu'il ne bénit que pour rassurer Abraham sur le sort de cet enfant finalement bâtard. Les bénédictions, la terre, la prospérité, l'Election, appartiennent exclusivement au fils de la Promesse, Isaac. Plus tard, l'Eternel répètera celle-ci à Jacob, excluant Esaü qui a méprisé son droit d'aînesse (Genèse 28:10-15).

    Il y a donc bien une promesse faite à Abraham, que les non-juifs peuvent s'approprier spirituellement en Christ. Mais le sens premier, l'application matérielle de cette promesse, restent propres à Israël par le canal d'Isaac et de Jacob.

    Certains sont choqués de voir qu'un seul peuple puisse être l'objet d'une telle sollicitude de la part du Créateur. Pareille situation les gêne, heurtant leur sens personnel de la justice. Aussi, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, remettent-ils en cause l'Election, en dignes émules d'Ambroise de Milan, d'Augustin, Jean Chrysostome et Thomas d'Aquin.Qu'on ne s'y trompe pas : si cette Election concernait les Croates ou les Algonquins, elle les dérangerait tout autant car, en définitive, c'est Dieu lui-même qui est contesté. Israël n'étant que le bénéficiaire du décret, joue en quelque sorte le rôle du chouchou, qu'on jalouse et qu'on hait uniquement pour les faveurs dont le Maître l'entoure.

    On pourrait ne voir dans cette attitude qu'une manifestation de dépit. Elle est en fait révélatrice d'une rébellion s'attaquant à l'ordre établi par Dieu.

    C'est d'autant plus grave que, contester l'immutabilité de 1'Election d'Israël, c'est reconnaître n'avoir rien compris à celle de l'Eglise.

    « Qu'est-ce à dire ? Y aurait-il de l'injustice en Dieu ? Certes non ! Il dit en effet à Moïse :je ferai miséricorde à qui je veux faire miséricorde etje prendrai pitié de qui je veux prendre pitié. Cela ne dépend donc ni de celui qui veut ni de celui qui court, mais de la miséricorde de Dieu» (Romains 9/14-16).

    «Qu'elles sont belles tes tentes, Jacob, et tes demeures, Israël » (Nombres 24/5).


    « Je bénirai ceux qui te bénissent, et je maudirai tes offenseurs » (Genèse 12:2).

    L'Eglise a été aussi rapide à s'approprier cette promesse de l'Eternel à Abraham, qu'elle l'avait été à le faire pour toutes les autres. Ma foi, elle n'a pas tort, cette parole étant aussi pour tous ceux qui croiront au Dieu de la Bible.

    Elle eût cependant dû se rappeler que la promesse est destinée, comme toutes les autres de cette catégorie, à la descendance physique du patriarche en premier lieu. Comprenant cela, elle réalisait qu'Israël persécuté, c'était la malédiction de Dieu sur les oppresseurs, et qu'il valait mieux se trouver aux côtés .du peuple juif que contre lui.

    « Je bénirai ceux qui te bénissent, et je maudirai tes offenseurs ».

    N'être pas assoiffé de sang juif ne permet pas de se dire pur en cette affaire. La Bible, et ce passage en est l'illustration, ne connaît que les deux positions extrêmes du pour et du contre. Les tièdes, les indifférents, et autres partisans du juste milieu ou de la neutralité, c'est-à-dire les calculateurs, les lâches et les timorés, sont dédaignés pour un temps avant d'être jugés pêle-mêle avec les réprouvés (Voir Apocalypse 3:14-16). Il y a la bénédiction pour ceux qui bénissent, et la malédiction pour tous les autres. Un point, c'est tout.

    Je ne voudrais pas me trouver dans la peau d'un anti-juif, le jour où le Seigneur jugera les nations !

    Dans celle d'un Brave-Homme-Qui-Ne-Prend-Pas-Parti non plus, d'ailleurs !

    L'amour du peuple juif est un des critères du christianisme authentique. Qu'on ne me comprenne pas mal : il y a, il y aura toujours des païens et des athées pour partager cet amour; mais, si se disant chrétien un homme est anti-juif dans le même temps, alors il a toutes les raisons du monde de remettre en question tant sa façon de croire que lui-même. Jamais personne de sensé n'a haï sa propre chair ; frère d'Israël devant Dieu, le disciple du Messie ne peut hériter de la bénédiction d'Abraham et être en même temps sous le coup de la malédiction poursuivant les ennemis de ses descendants. Il faut choisir.

    La promesse peut aussi se retourner contre les juifs. En effet, si les chrétiens sont fils d'Abraham puisque naturalisés juifs, il s'ensuit que celui qui les maudit est maudit. Le juif haïssant les chrétiens se retranche donc de son peuple et tombe dans les ténèbres païennes, où il y aura des pleurs et des grincements de dents car, et c'est une loi biblique, on ne peut jouir en même temps de la bénédiction et de la malédiction.

    « Quelle est donc la supériorité du juif ? Quelle est l'utilité de la circoncision ? Grande à tous égards ! Et d'abord, c'est à eux que les révélations de Dieu ont été confiées. Quoi donc ? Si certains furent infidèles, leur infidélité va-t-elle annuler la fidélité de Dieu ? Certes non ! ... Par rapport à l'Évangile, les voilà ennemis, et c'est en votre faveur; mais du point de vue de l'élection, ils sont aimés, et c'est à cause des Pères. Car les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables.» (Romains 3:1-3 et 11:28-30).

    Par tout ce qui précède, je pense avoir rempli mon contrat, comme les bridgeurs le disent. Il me semble avoir, suivant pas à pas la logique biblique, défini les places et les rôles respectifs d'Israël et de l'Eglise dans le plan divin, pour autant que je les aie correctement compris.

    Avec tout cela, les chrétiens venus du judaïsme eussent peut-être pu faire avancer l'Assemblée de Dieu sur une voie plus ou moins correcte, plutôt que la retrouver un beau jour paganisée, comme c'est le cas maintenant. Mais, par un phénomène de cercle vicieux, plus les tendances païennes envahissaient la maison, moins les juifs y venaient ou simplement y restaient ; cependant que, moins nombreux y étaient les juifs et plus les païens pouvaient y affluer, présentant sereinement au Dieu vivant les mêmes coeurs incirconcis ayant déjà servi pour l'adoration de leurs idoles.

    Aussi, alors que Lot eut son Abraham pour le garder dans la voie de l'Eternel pendant qu'ils étaient ensemble, et intercéder en sa faveur ensuite, l'Eglise n'a jamais eu le sien. Par sa faute et, peut-être, à sa très grande satisfaction.

    Mais que nul ne se glorifie. Car, et c'est par ce parallèle que je terminerai le présent chapitre : de même que l'Eternel voulut détruire Israël au désert, en ne gardant que Moïse et sa race pour en faire une nation (Exode 32:9-14 ; Nombres 14:11-12), ainsi, que les chrétiens ne se reposent pas en vain sur la Croix.

    D'abord, parce que la véritable Eglise reconnaît la Seigneurie de Jésus, s'y soumettant en tout et pour tout. Ensuite parce que, de deux croyants selon son coeur, l'Eternel peut faire recommencer l'Eglise, cependant que tous les autres seront abandonnés à leur sort, s'endurcissant toujours plus dans un aveuglement leur faisant croire qu'ils sont l'Eglise véritable et véridique.

    De même pour Israël. Si, au bout d'un certain temps, le figuier s'obstine à demeurer stérile, refusant de produire des fruits dignes de la repentance (je ne parle pas ici de la conversion à Christ, laquelle ne se produira qu'au retour du Seigneur), s'il ne se tourne pas vers le Rocher de son salut au lieu de s'appuyer seulement sur son Election; si l'Etat d'Israël ne cesse d'attribuer ses victoires militaires à la valeur de son armée et son haut niveau technologique à ses propres capacités (ces choses existent effectivement, mais sont des grâces concédées par Dieu), s'il ne se détourne pas de l'immoralité regardée comme un sport national en Terre d'Israël, alors le Seigneur peut de nouveau détruire l'Etat juif et renvoyer Jacob en exil jusqu'à un autre moment, au milieu de nouvelles tribulations (Voir Ezéchiel 11:1-12).

    Je ne dis pas que ces choses arriveront ; je dis seulement qu'elles pourraient se produire. Dieu a promis de faire revivre son peuple sur la terre des ancêtres, comme il a promis de garder l'Eglise dans son amour, mais il y a des conditions bibliques à respecter.

    L'Eglise et les juifs, ces deux faces du même peuple d'Israël, sont placés sous les mêmes exigences. Les appels de Dieu sont certes irrévocables, mais peuvent être retardés ou reportés sur d'autres.

    « Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi.»(Galates 6:7).

    Que ces deux destins parallèles sachent se reconnaître, en même temps que reconnaître le Rocher d'où ils sont sortis, et « celui qui est juste dans sa foi vivra » (Habakuk 2:4).

    Amen !

    http://langedeleternel.centerblog.net/rub-Israel-14.html


  • Commentaires

    1
    Mick
    Jeudi 1er Juillet 2010 à 15:29
    Chers frères et s½urs en Jésus-Christ,

    J’offre des partages bibliques inédits, écrits dans les 17 dernières années :
    (Les partages bibliques « ÔR VÉ SHALOM »)

    Ce sont essentiellement des écrits quelque peu prophétiques, dans un sens (j’utilise ce mot « avec crainte et tremblement » -- étant donné toutes les choses affreuses et les faux prophètes qui pullulent actuellement), que le Seigneur m'avait accordés d'avance pour l'Église des temps de la fin, où nous sommes entrés de plein fouet...

    …Concernant une Église qui reprend graduellement la forme de groupes petits et moyens, selon la conception judéo-chrétienne, Gentils et Juifs ensemble : assemblées autonomes en contact les unes avec les autres, "familles élargies", groupes dans les maisons, églises cellulaires, églises indépendantes en réseaux spontanés, églises-maison, cellules de quartiers, enfin peu importe le nom, sur une base interactive…Ce sont aussi des écrits "d'ajustement fraternel", pour « raccorder » les croyants provenant d’horizons chrétiens différents, qui persévèreront jusqu'à la fin, et qui feront partie de tous ces groupes formés par le Seigneur.

    Le temps est arrivé, « le temps est compté »; nous devons nous préparer, et nous organiser selon le Seigneur, au fur et à mesure des circonstances actuelles et prochaines...
    Déjà au Québec, des Conseils municipaux, à certains endroits, avec l’accord tacite du gouvernement, ont adopté certaines réglementations, interdisant l'achat de terrain, la construction ou la location de bâtiments, pour tout groupe évangélique ou juif. Et bien d’autres choses encore, au Québec, en France et ailleurs, qu’il n’est pas nécessaire d’énumérer…Les évènements vont maintenant se bousculer, en Occident, et partout dans le monde.

    Ces partages bibliques sont à la disposition du peuple de Dieu, de tous ceux que le Seigneur a déjà appointés, en ces temps difficiles que nous connaissons, et ils ont pour but d’encourager, affermir et aider les croyants qui ont reçu de Dieu, partout dans le monde, cette vision d’église pour les temps qui viennent, ou façon originelle de « vivre la communion chrétienne », telle que relatée dans le Nouveau Testament. À cet effet, le Seigneur a préparé, et prépare encore, de nombreux ouvriers, provenant de tous les milieux chrétiens, qui serviront à l’éclosion, à la croissance et à la maturation de tous ces groupes interactifs. Dieu lui-même va se charger de nous mettre en contact les uns avec les autres, peu importe notre provenance et notre ascendant confessionnel, incluant tous les nouveaux convertis de la moisson de la dernière heure.

    Ces partages bibliques (« Ôr Vé Shalom »), ont été écrits en fonction et à partir de cette vision, qui ne se veut ni exclusive ni restrictive. Vous pouvez trouver les partages bibliques, la vision d’Église et les détails sur la « Mission Ôr Vé Shalom », sur le site suivant :
    Nom du site : Ôr Vé Shalom
    Adresse email du site : www.eglises-maison.com

    Vous pourrez imprimer les documents qui vous intéressent, et, selon le Seigneur, commencer à répandre la vision autour de vous, dans l’amour et la joie de notre Père.



    Salutations et bénédictions, en Jésus, Yeshoua, notre Sauveur et Messie,


    Michel Cournoyer
    Mission Ôr Vé Shalom -- Canada
    orveshalom@hotmail.com
    ________________________________________________________________________

    « Voici sur qui je porterai mes regards : Sur celui qui souffre et qui a l’esprit abattu, sur celui qui craint ma parole. » (Ésaïe 66 :2b)
    ________________________________________________________________________

    N.B. : Cette vision s’adresse aussi aux églises traditionnelles protestantes, évangéliques affiliées ou indépendantes, groupes chrétiens esseulés, communautés messianiques, etc.
    ___________________________________________________________________
    2
    sentinelle9711 Profil de sentinelle9711
    Mercredi 7 Juillet 2010 à 20:52
    Bonjour



    Nous somme effectivement dans le temps ou le Seigneur vas souffler un vent puissant ou Il est entrain de rassembler sont peuple choisi par Lui pour le dernier temps .



    je t'écrirerais sur ton mail



    Que Dieu te bénisse
    3
    CARON
    Jeudi 25 Novembre 2010 à 12:53
    shalom à tous

    Un Amour éternel nous à été donner par notre père ABAT créateur du ciel et de la terre quelle Amour merveilleux par son fils bien-aimé YESHUAH LE Méssi.
    j'ai une qestion à vous posser: d'ou coule la source de la vie?
    notre coeur et attacher à qui?
    unnitées de l'olivier qui peu les réunires dans le même Amour?
    que recherche D.ieu avant tout?
    merci de pouvoir me réponde pas avec les pensée humaine simplement avec les pensée du méssi car nos pensées son captive à son obéissance
    colombe
    4
    sentinelle9711 Profil de sentinelle9711
    Vendredi 26 Novembre 2010 à 03:36
    1) la source de la vie est en JÉSUS-CHRIST
    2) Notre c%u0153ur est attacher à Jésus-christ notre Sauveur
    3) l'unité de l'olivier est Jésus-christ Il est l'olivier franc et nous somme gré fié à Lui
    4) Dieu cherche un c%u0153ur repenti disposer à le servir avec l'Amour de christ Amen
    Que Dieu vous bénisse
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