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    L'évangile:succés garanti ?
     

    Par Simon Mvondo

    Le Dr. Simon Mvondo est doyen de la Faculté de Théologie Biblique du Cameroun à Yaounde. Il est pasteur de la « Grace Bible Church » à Nkol-Tima et enseignant de la Parole de Dieu. Sa passion est la formation biblique des leaders dans l’œuvre de Dieu. Licencié en droit privé, il possède une maîtrise en théologie et a obtenu un doctorat de Ministère au Baptist Bible Seminary à Pensylvanie (USA). Il est membre du comité national de Promesses au Cameroun.

    Depuis le XXe siècle et plus encore aujourd’hui, le monde entier est bombardé partout par ce qu’il est convenu d’appeler l’évangile de prospérité. Selon cet évangile, un enfant de Dieu ne doit pas être pauvre ou souffrir. Une fois qu’une personne a accepté Christ, elle a trouvé la panacée à tous les maux de ce monde terrestre. Il semble clair que c’est le corollaire religieux de la lutte contre la pauvreté séculière. La question est de savoir si c’est bien cela que la Parole de Dieu nous offre. Sinon, que doit être la position du vrai chrétien vis-à-vis de cet évangile de prospérité ? Les manifestations de l’évangile de prospérité – deux facettes : biens matériels et santé

    Cet évangile se caractérise de deux manières. D’un côté, le chrétien doit posséder des richesses financières et matérielles qui sont, au dire des défenseurs de cet évangile, un signe de la bénédiction de Dieu. Ainsi, un chrétien qui manque d’argent ou de biens matériels est considéré comme placé sous la malédiction de Dieu. Les adeptes de cet évangile recherchent des postes à grande responsabilité dans les lieux de service. Celui qui n’accède pas à ces postes à responsabilité n’est pas content de son sort. Alors il doit consulter son pasteur, son apôtre ou son prophète pour faire confession de péchés qui se cacheraient dans sa vie et adresser des prières à Dieu.

    D’un autre côté, le chrétien doit être en bonne santé et ne pas souffrir de persécution ou de quelque problème que ce soit. D’où les prières de guérison et de délivrance organisées publiquement à même les carrefours des routes de nos villes et villages. Chaque difficulté dans la vie du chrétien est perçue comme un mauvais sort ou un démon lancé par notre adversaire le diable. Le chrétien doit donc ainsi se soumettre à la cure d’âme de ces leaders qui ont le prétendu don de guérison, de miracle ou de prophétie.

    Les arguments soit disant « bibliques » de l’évangile de prospérité :

    Rien en réalité ne se passe sans la Bible. Tout le monde se base sur la Parole de Dieu, y compris notre adversaire le diable (Mat 4.6). Ainsi, les défenseurs de l’évangile de prospérité ne manquent ni de versets bibliques, ni d’esquisses théologiques.

    Parmi les versets souvent cités par ceux qui défendent l’évangile de prospérité, citons Jean 10.10 où Jésus dit qu’il est venu pour que ses brebis aient la vie en abondance. Ou encore, Jésus s’est fait pauvre afin que nous devenions riches (2 Cor 8.9). L’apôtre Jean semble donner une bonne base à cet évangile de prospérité quand il souhaite que nous prospérions à tous égards (3 Jean 2). Ce n’est pas seulement le Nouveau Testament qui dirige la pensée de l’évangile de prospérité, mais aussi l’Ancien Testament qui vient fort bien à la rescousse. Ainsi, les prédications dominicales font régulièrement appel à Proverbes 3.7-10 et Malachie 3.8-10.

    Sur le plan théologique, l’évangile de prospérité impose le concept de la dîme pour les serviteurs de Dieu, alors qu’il a de la peine à expliquer aux chrétiens les principes d’offrande, de secours, et de collecte pour les démunis (Act 11.29 ; 1 Cor 16.1 ; 2 Cor 8-9). En outre, l’évangile de prospérité prétend que Dieu n’est pas pauvre. La terre et tout ce qu’elle renferme est à Dieu. Par conséquent, ses enfants ne doivent ni souffrir ni être pauvres.

    En apparence, ces arguments paraissent convaincants. Et même, ils séduisent beaucoup de chrétiens. Mais en réalité, est-ce là le pur enseignement de la Parole de Dieu ? Le véritable chrétien doit savoir que le problème n’est pas de trouver les versets bibliques pour appuyer une doctrine, mais plutôt de savoir les interpréter dans leur contexte. Nous pensons donc que la Bible au lieu d’enseigner l’évangile de prospérité, enseigne plutôt l’Evangile du salut.

    L’Evangile du salut :

    Ce que Dieu promet dans son plan scripturaire, c’est le pardon de nos péchés et la vie éternelle qui est la connaissance de Dieu (Jean 17.3) et la communion avec Dieu. C’est dans ce cadre que l’homme trouve la vraie prospérité et le vrai bonheur. C’est pourquoi il est dit dans Proverbes 28.13 que « celui qui cache ses transgressions ne prospère point ». L’étude du mot « prospérer » dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau Testament, montre que les termes hébreux et grecs veulent dire « réussir, faire des progrès, être heureux ». La prospérité biblique se situe après le salut en Christ, et consiste à faire des progrès dans la vie chrétienne. C’est ainsi que réussissaient Daniel et ses trois compagnons dans l’Empire babylonien (Dan 3.30 ; 6.28). C’est ce succès et ces progrès dans la vie chrétienne que l’apôtre Jean souhaite pour nous (3 Jean 2). D’ailleurs Jésus déclare que la vie d’un homme ne dépend pas de la valeur de ses biens, fût-il dans l’abondance (Luc 12.15).

    Par l’Evangile du salut, Dieu promet de subvenir à nos besoins et de nous secourir dans les détresses. Cela sous-entend que le chrétien peut être dans les besoins et dans les difficultés (Ps 46.2 ; 50.15 ; Phil 4.6 ; Héb 4.16).

    Les arguments bibliques de l’Evangile du salut :

    Nous pensons que les arguments avancés par la théorie de l’évangile de prospérité sont mal interprétés. Nous allons simplement citer un certain nombre de versets qui montrent la vraie position du chrétien dans ce monde. Selon l’Evangile du salut, le chrétien est appelé à entrer dans le royaume de Dieu par les tribulations (Act 14.22), et à passer par des épreuves pour que sa foi soit affinée (Jac 1.2-4 ; 1 Pi 1.6-7). Dans la deuxième lettre de Paul à Timothée, chaque chapitre mentionne au moins une fois un terme relatif à la souffrance. Le Seigneur a pris soin d’indiquer aux apôtres, et donc à nous-mêmes, qu’il y aurait des tribulations dans le monde (Jean 16.33).

    Par ailleurs, Dieu nous corrige lorsque nous avons péché (Héb 12.5-6) et nous met à l’épreuve. L’Eglise de Dieu aura toujours en son sein, des riches (1 Tim 6.17) et des pauvres (Jac 2.5 ; 1 Cor 1.26). La souffrance et les maladies ne cesseront qu’après la résurrection des morts et dans la Nouvelle Jérusalem (1 Cor 15.54-55 ; Apoc 21.4).

    La solution biblique : le contentement :

    Pendant sa vie chrétienne, l’enfant de Dieu connaîtra des temps difficiles et des temps généreux. De ce fait, l’Evangile du salut nous donne la solution du contentement (Phil 4.11-12 ; 1 Tim 6.6 ; Héb 13.5). C’est intéressant que le grand apôtre Paul ait appris à vivre dans l’abondance et dans la disette. La piété n’est pas une source de gain ; « c’est en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement, car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter ». Ceux qui s’attachent à l’évangile de prospérité et non à celui du salut, ont une grande leçon à apprendre de ce passage de 1 Timothée 6.6-19. Désirons-nous, nous aussi, adopter cette attitude spirituelle du contentement ?


    source : blogdei.com

     


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